Note : 8/10
Lorsque Giulietta Padovani annonce qu'il faudra désormais payer pour l'entendre évoquer ses souvenirs, ses sept enfants s'alarment et comprennent que l'état mental de leur mère nécessite une surveillance quotidienne. Un tour de garde s'organise alors dans La Villa où la vieille romancière ne parle plus que par bribes et par gestes, donne du "monsieur" et du "madame" à sa progéniture, se dénude en public quand il fait froid, s'emmitoufle quand il fait chaud. A l'instar de son journal intime, que l'aînée a découvert, ses monologues décousus réservent bien des surprises...
Le thème du roman est la dégénérescence cérébrale d'une mère et la réaction qu'elle suscite chez chacun de ses enfants. Le roman se présente comme un récit polyphonique. Chaque chapitre renvoit à chacun des personnages : chaque enfant et la mère (dans son état actuel et à travers son journal intime). La sénilité de la mère est l'élément central de cette histoire mais celle-ci est plus marquante dans les chapitres où la mère s'exprime : là, le discours devient enfantin, le vocabulaire simple et les phrases courtes. La mère évolue dans son propre monde : le fait de passer des pensées de la mère aux pensées des autres protagonistes marque parfaitement cette scission entre sa réalité et la réalité.
Le roman m'a plu tant dans sa forme que dans son style. L'écriture est magnifique. Nul doute que je lirai d'autres livres d'Anne Bragance.
1 commentaire:
D'Anne Bragance j'avais lu et aimé "Danseuse en rouge"
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