Titre original :
The Vagrants
Auteur : Yiyun LI (1972- ), sino-américaine
Parution : 2009 (France, 2010)
Appréciation : ****
A l'aube du 19 mars 1979, la petite ville deRivière-Fangeuse est en ébullition : après dix ans de prison, Gu Shan, une ancienne garde rouge, va être exécutée. Son crime ? avoir douté du Parti.Et la mort n'est pas le pire de ce qu'elle va devoir subir.
Cet événement va avoir des répercussions sur ses concitoyens : le professeur Gu, son père, un intellectuel qui se réfugie dans le passé pour échapper à un monde qu'il ne comprend plus, et son épouse, jusque-là humble et soumise, qui va relever la tête pour défendre sa fille ; Bashi, un adolescent tourmenté qui noue une relation improbable avec Nini, une infirme affamée ; Kai, voix officielle du parti, qui va sacrifier famille et carrière pour l'amour d'un dissident ; et bien d 'autres...
Même s'il s'agit d'une histoire romancée, ce roman apparaît comme un témoignage sur le quotidien du peuple chinois après la Révolution Culturelle.
Les premières pages sont poignantes : une petite fille affamée décolle des affiches à peine collées pour récupérer la colle faite à base de farine pour manger ; la condamnée à mort a les cordes vocales sectionnées juste avant d'être présentée au peuple pour éviter qu'elle crie des propos dits contre-révolutionnaires ; les enfants sont appelés à dénoncer leurs parents (seul le Parti compte); la dénonciation de tout acte, toute parole contraire à la pensée unique pour obtenir un avancement (le petit ami de la condamnée à mort l'a dénoncée pour pouvoir entrer dans l'armée).
J'ai aimé ce roman non seulement parce qu'il critique un système idéologique totalitaire mais aussi par le style de l'auteur. Le roman se lit aisément. L'histoire progresse à travers la vie de plusieurs personnages : une manière de montrer que toutes les classes sociales sont touchées par la Dictature.
Un roman bouleversant et prenant.