09/11/2007

Les Champs d'honneur

Auteur : Jean ROUAUD (1952 - ), français
Note : 9/10

Le père puis la vieille tante et enfin le grand-père du narrateur décèdent à quelques semaines d'intervalles. Le narrateur retrace la fin des trois membres de sa famille avec en second plan la Grande Guerre.

Ce roman a obtenu le Prix Goncourt en 1990.

Si je n'étais pas inscrite à un groupe de discussions littéraires, je n'aurai jamais lu ce roman. Je pensais à tort qu'il s'agissait d'un livre relatant la vie des tranchées pendant la Première Guerre Mondiale. Au final, ce fut une excellente surprise (comme quoi, il faut parfois se méfier des a priori).

Ce roman est captivant, je l'ai lu d'une traite. Il y a une poésie (de la même veine que le film Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain) dans les anecdotes racontées : le grand-père et sa voiture, la grand-mère râleuse, la tante bigote... L'auteur a un talent certain pour la description et il est aisé d'imaginer le décor planté par l'écrivain.

extraits :
  • [...] le "nez coulé" de papa pour une panne d'essence à deux kilomètres du bourg, quand il avait estimé pouvoir arriver à bon port en zigzaguant sur la route dans l'espoir d'utiliser jusqu'à la dernière goutte le fond du réservoir.
  • [...] on débat, au vu de leur fatigue, s'il ne serait pas mieux de passer par Lyon en dépit d'un changement et de trois heures d'attente, plutôt que par Bordeaux en ligne directe avec ses innombrables arrêts. Mais pour grand-mère, c'est du pareil au même, qui ne comprend pas pourquoi on n'a pas encore dynamité le Massif central et coupé tout droit.

Il y a plusieurs passages que j'ai adorés : la description de la conduite catastrophique du grand-père m'a fait penser à la conduite d'une de mes grands-mères !). Le chapitre consacré aux différents types de pluie du pays nantais et leurs signes annonciateurs est un régal. Les commentaires cocasses de la grand-mère ; la tante qui recense tous les saints afin de faire appel au bon saint pour une situation précise ; la description du vide-poches est un régal : qui n'a pas comme le narrateur un vide-poches dans lequel sont laissés tout et n'importe quoi (ticket de bus, épingle, trombone,...) ; le dentier qui devient un presse-papiers... tout concourt à donner une atmosphère poétique, douce, nostalgique avec quelques touches d'humour puis tout bascule dans l'horreur : la description des tranchées est poignante.


Il y a un autre aspect qui m'a particulièrement émue dans ce livre, c'est l'apparition du mot Commercy (ville meusienne où habitent mes grands-parents). Il y a plusieurs passages qui m'ont rappelé quelques anecdotes de ma famille durant cette guerre. Ce roman m'a fait prendre conscience de mes racines lorraines. Même si je suis née bien après cette guerre, elle fait partie de mon histoire.

C'est un roman à lire avec un dictionnaire à portée de main : l'auteur utilise un vocabulaire riche et soutenu et je dois avouer avoir pris quelques mots !

J'ai appris que Jean Rouaud a écrit d'autres livres concernant l'histoire de sa famille : Des hommes illustres (sur son père), Le Monde à peu près, Pour vos cadeaux, Sur la scène comme au ciel... Il me tarde de les lire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ca fait un moment que je veux lire ce livre ; j'y pense et puis j'oublie ; j'ai vu deux interview de ROUAUD et à chaque fois l'homme m'avait touchée !! cette fois je n'ai plus de raison de ni pas penser !!! merci